Sogyal, le gourou Tibétain des centres Rigpa, fait souvent l'éloge de thögal, des techniques de contemplation de la lumière solaire et des photescences nocturnes produites par des troubles ophtalmiques. Le gourou fait preuve d’un sectarisme de béotien en se livrant à une réclame sans retenue de son enseignement. "Thögal, écrit-il dans Le livre tibétain de la vie et de la mort, permet au pratiquant d’actualiser en lui-même tous les aspects de l’éveil en l’espace d’une seule vie. Thögal est, par conséquent, considéré comme la méthode unique et extraordinaire du Dzogchen."
Cette assertion du gourou est en contradiction avec d’authentiques connaissances spirituelles qui révèlent une compréhension plus subtile des photismes colorés. En réalité, thögal n’est ni une méthode unique ni une voie sûre. Les techniques de thögal pourraient provenir d’une résurgence dégénérée de l’antique sagesse iranienne et de l’épiphanie de la lumière des mazdéens. Les lamas de Menri affirment que le dzogchen et la tradition Yungdrung bön se rattachent à Tazig, l’ancienne Perse.
En Asie centrale où survivait discrètement l’héritage de Zoroastre, l’école du maître soufi Najmoddîn Kubrâ donnait une description détaillée des expériences de lumières.
Dans son étude préliminaire du traité de soufisme de Nuruddin Isfarâyini, Le révélateur des mystères, Hermann Landolt écrit :
"La voie mystique est barrée par les" 70 000 voiles de lumière et de ténèbres" ; il faut les dépasser tous, sans se laisser détourner par aucun. En citant ici cette célèbre tradition, dont l’explication sera le propos de notre texte principal, Isfarâyini semble faire allusion en particulier au spectre entier des expériences visionnaires qui peuvent se présenter dans la voie mystique. En d’autres termes, c’est un avertissement de ne pas surestimer l’importance de ces expériences, et surtout de ne pas les confondre avec le but de la quête mystique. Remarquons ici que Kubrâ lui-même, qui avait pourtant un goût très vif pour ce genre d’expériences, avait déjà lancé un appel semblable à la prudence. En effet, si ces "indices" et "signes" sont des "guides" pour celui qui cherche la voie, disait-il, ils deviennent un "voile" lorsqu’on a reconnu le But, et sont un "ennemi pour les amis de Dieu". C’est que Dieu est caché par un voile de lumière et de ténèbres tant sur le plan du monde sensible que sur celui du monde supra-sensible (monde du Mystère, âlam al-ghayb) ; et bien que la lumière et les ténèbres du monde supra-sensible soient, par rapport à la lumière et les ténèbres du monde sensible, ce que la "signification" (ma’nâ) est par rapport au "nom" (ism), Dieu lui-même (ou l’Absolu, Huwa) est "la Signification des significations, l’Esprit des esprits, le Cœur des cœur".
Les dzogchenpa s’extasient facilement devant la moindre particule lumineuse, nommée thiglé (bindu), croyant voir le dharmakaya, alors que le maître chinois Nan Huai-chin admoneste les disciples qui perçoivent la lumière du corps (quand les canaux de souffle sont vraiment débloqués). Il leur dit sans détour : " N’allez pas croire pour autant que cet espace lumineux est le royaume de la grande lumière, vous en êtes encore loin ! C’est une lumière formelle ".